Comme une trainée de poudre, l’annonce de la baisse de la production cacaoyère relayée par certaines agences d’informations financières, fait les choux gras de quelques spéculateurs et traders.
Ces derniers projettent une baisse estimée à 10% –soit environ 300,000 tonnes de fèves de cacao—comparée à la production de la campagne précédente, à la même période.
Une annonce à prendre avec des pincettes, vu qu’elle ne repose sur presqu’aucun élément factuel solide, outre les données des achats périodiques comparatifs.
Il est encore un peu tôt pour estimer une baisse de la production lorsqu’on sait que celle-ci est généralement tributaire d’une variable essentielle : la pluviométrie !
Le rythme pluviométrique observé à l’annonce de l’ouverture de la campagne 2021-22 a été fortement perturbé et marquée par une inconstance. Mais les pluies diluviennes qui s’en sont suivies au cours du mois de Novembre et de Décembre et qui ont humidifié le sol ont donné une certaine vitalité aux plantes ! La constance du soleil a également contribué à revigorer les plantes.
Un constat effectué par les analystes de CommoditiesExpertise, qui ont sillonnée une bonne partie des régions productrices de cacao et échangé avec les cacaoculteurs. Aussi ont-ils observé sur place le manque de fraîcheur post-pluie qui est très bénéfique à la productivité des plants de cacao.
Sur le terrain, la taille de la récolte de la grande majorité des cacaoculteurs tranche d’avec les spéculations ! Ces derniers ont fait de grosses cueillettes par rapport au mois d’octobre et novembre et mi-décembre 2021.
Saidou Kebré. producteur à l’Ouest du pays, estime sa présente cueillette, faite en une seule récolte à 1,5 tonnes, contre successivement 600 et 400 kilogrammes les récoltes précédentes. Soit une hausse de 50%.
‘’C’est maintenant que le cacao commence à sortir et je ne crois trop à la baisse annoncée par le Directeur Général du Conseil Café Cacao(CCC) et même s’il doit avoir baisse, ça ne sera pas trop’’ déclare Said.
Plusieurs producteurs rencontrés, dans les régions de production de cacao, ceux qui ont des plantations bien entretenues expriment les mêmes réalités.
La région de l’Indénié-Djuablin (Est-ivoirien) qui produit environ 75.000 tonnes de fèves de cacao, et qui a subi le plus long arrêt de pluie (4 semaines environ) a commencé à renouer avec la pluviométrie à certains endroits. La zone de Kati, à la frontière du Ghana, par exemple, a enregistré sa première pluie la semaine dernière. Plusieurs localités productrices de cacao, dans les zones de l’Ouest et du Sud-Ouest ont connu également leurs premières précipitations à la même période.
D’ailleurs l’arrêt des pluies est sectoriel, et par conséquent l’impact sur la production en cours est insignifiant.
Il faudrait attendre la fin de la quatrième semaine du mois de janvier 2022, voire de la première semaine de février pour pouvoir se prononcer avec certitude sur la baisse ou non de la production cacaoyère.
La Cote d’Ivoire a atteint la barre d’un million de tonnes à fin décembre 2021. Une production légèrement en deça de celle de la même période de l’année 2020. Une légère baisse de la production qui s’explique par le fait que les mandats (revolving) aient été retirés trop tôt, selon un acheteur agréé
CommoditiesExpertise.
